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La vision "Open Platform" selon Esri

Même si la démarche n'est pas nouvelle pour Esri, l'ouverture de la plateforme ArcGIS a été un des thèmes qu'Esri a largement développer pour expliquer sa vision et sa stratégie auprès des participants à l'EPC (Esri Partner Conference) et du Developer Summit qui ont eu lieu à Palm Spring le mois dernier. L'occasion pour moi de reprendre les points clés de cette vision "Open Platform".

 Image © Micah Solomon – micah@micahsolomon.com

Une démarche d'ouverture qui n'est pas nouvelle pour Esri

Depuis longtemps, Esri a une stratégie d'ouverture dans ses développements avec pour objectif de proposer un maximum d'interopérabilité entre ses solutions et les autres composants des systèmes géospatiaux. Cela a commencé en 1995 avec la publication du format du Shapefile, format qui depuis est utiliser largement dans les outils en particulier les outils Open Source. L'implémentation des spécifications OGC Simple Feature dans toutes les déclinaison des Géodatabases Enterprise a également été un moteur pour le développement des bases de données spatiales et encore largement utilisé aujourd'hui. Depuis, les travaux de l'OGC ont permis de progresser dans l'interopérabilité des services web et Esri implémente ces standards dès lors qu'elles sont utiles et structurants pour ses utilisateurs. C'est le cas avec les services W*S mais aussi avec des formats de fichier plus récents comme le GeoPackage OGC. D'autres démarches ont consisté par exemple à fournir une API autour de la File Géodatabase, format plébiscité par les utilisateurs d'ArcGIS (car très performant et riche en terme de modèle de données) mais nécessitant de pouvoir être généré par des solutions non Esri (comme GDAL par exemple).

Aujourd'hui, Esri continue à avancer dans sa démarche d'ouverture en multipliant les initiatives Open Source. C'est par exemple le cas avec Geoportal Server une solution Open Source qui permet la mise en place d'un portail de gestion et de diffusion de métadonnées aux normes FGCD/OGC et compatible avec les spécifications de la directive INSPIRE. On pourrait également évoquer la publication en Open Source des modèles d'applications web (JavaScript, Flex ou Silverlight) disponibles sur ArcGIS et permettant l'accès à différents types de services web géospatiaux y compris des services non Esri. Autre exemple intéressant, celui du projet GIS Tools for Hadoop qui permet le stockage et le traitement de données spatiales dans le framework Big Data "Hadoop".

Esri devient-il un éditeur Open Source ?

Aujourd'hui, de toute évidence, l'approche exclusive "Open Source" ou "Propriétaire" pour construire son SIG, constitue rarement la meilleure solution. Les enjeux du choix de l'un ou de l'autre sont souvent plus philosophiques ou culturels que techniques ou économiques. Les expériences montrent que les coûts d'une approche "Open Source" ou d'une approche "Propriétaire" sont comparables, ils ne se répartissent tout simplement pas sur les mêmes postes et selon les mêmes calendriers.

La stratégie souvent gagnante aujourd'hui consiste à avoir une approche plus hybride, c'est à dire tirant à la fois partie des aspects collaboratifs et propices à l'innovation que constitue une démarche Open Source mais aussi de la cohérence, de la simplicité et de la pérennité d'une approche propriétaire. Esri ne devient pas un éditeur Open Source mais propose, pour certains projets, une démarche de code libre et ouvert quand cela a du sens. 

Au delà de l'Open Source, implémenter une plateforme ouverte, ça veut dire quoi ?

La question qui se pose aujourd'hui n'est plus vraiment celle de l'Open Source vs. Propriétaire. En effet, pour la plupart des organisations, ce qui compte ce n'est pas de savoir que le code source de leur application est ouvert (la plupart des utilisateurs ne modifieront jamais le code source de leur solution). Ce qui compte c'est que la plateforme soit "ouverte", c'est à dire qu'elle facilite les échanges avec le reste de son organisation, avec ses partenaires et avec les citoyens. Une plateforme ouverte c'est une plateforme qui va permettre aux développeurs de construire des applications, de développer des usages et donc de la valeur ajoutée à cette plateforme.

Ce qui est donc intéressant, c'est de voir concrètement comment les éditeurs de solutions géospatiales implémentent des plateformes ouvertes. Pour Esri, c'est assez simple cela passe par plusieurs axes, dont l'Open Source n'est qu'un des piliers.


Open Standards: c'est l'axe qui consiste pour Esri à implémenter les normes et les standards du marché pour rendre la solution la plus interopérable. Qu'ils s'agissent de protocoles (HTTP(S), TCP/IP, WebSocket, SAML, LDAP,… ), de formats de données (SQL, DWG/DGN, NetCDF, GML, GeoJSON, GDAL Raster,…), de métadonnées (OGC, ISO, INSPIRE, FGDC,…) ou de services web (UDDI, WSDL, Rest/JSON, OGC W*S). Dans ce domaine, Esri a démontré son engagement depuis de nombreuses années. Dans les exemples récents on citera l'ouverture des fonds de cartes ArcGIS Online la semaine dernière en WMTS, ou encore le support dans quelques semaines (en 10.2.2) du standard OGC GeoPackage 1.0 qui vient tout juste d'être finalisé.

Open Data: c'est l'axe qui consiste pour Esri à fournir à des outils permettant à ses utilisateur d'ouvrir facilement leurs données au plus grand nombre. Cela a commencé avec GeoPortal Server pour la diffusion de catalogue de données et services ouverts OGC, puis ArcGIS Online pour une diffusion vers des utilisateurs moins spécialistes et enfin dans quelques semaines avec ArcGIS Open Data qui étendra ArcGIS Online et facilitera encore la publication de données Open Data.

Open Content: c'est l'axe qui consiste pour Esri à fournir des contenus (guides, leçons, données, logiciels,…) gratuitement et sous licence Creative Commons pour permettre à tous d'apprendre et développer ses connaissances. Chez Esri cela se traduit par le programme Education Community.

Open Source: c'est l'axe qui consiste pour Esri à publier des projets de développement qui exploite ou enrichisse la plateforme. L'objectif est de permettre à une communauté de développeurs de plus en plus importante de disposer de briques riches qu'ils peuvent s'approprier et adapter à leurs propres métiers pour mieux exploiter la plateforme ArcGIS. Tout cela, via une plateforme collaborative (GitHub) dans un mode contributif. Il s'agit pour Esri d'une démarche relativement récente (un peu plus de 2 ans) mais qui se révèle structurante pour Esri et très appréciée par la communauté des développeurs. Elle va donc continuer à s'accélérer dans les années à venir. 

On doit ajouter à ces 4 axes, un dernier qui en découle naturellement à savoir celui des partenaires. Une plateforme ouverte c'est une plateforme autour de laquelle se construit un écosystème riche d'applications et donc de partenaires. Autour de cette plateforme les intégrateurs, les développeurs de solutions métiers, les fournisseurs de contenus, ... apportent de la valeur ajoutée pour les utilisateurs. Cet aspect est primordial et prouve, à lui seul, le caractère ouvert d'une plateforme géospatiale.




Conclusion

Il n’existe pas un seul chemin à l’ouverture. Ce qui importe dans le concept même d’ouverture c'est l’ouverture d’esprit. Savoir faire bouger les lignes pour accueillir de nouveaux acteurs, de nouvelles démarches, de nouvelles manières de faire,... c'est ce que fait aujourd'hui Esri. L’ouverture, c’est aussi de laisser le temps au temps pour que cette évolution du positionnement d'Esri au sein des communautés Open Source prenne tout son sens.

Sur le sujet des projets Open Source d'Esri, je n'ai jamais véritablement abordé le sujet dans arcOrama. Dans un prochain article je reviendrai, concrètement et sous un angle plus technique, sur les différentes initiatives Open Source d'Esri et en particulier sur quelques uns des 200 projets publiés sur GitHub.

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