10 tendances à suivre dans les SIG en 2025
A l'instar des technologies de l'information de manière générale, l’industrie géospatiale traverse depuis quelques années une ère de transformation sans précédent, portée par des avancées technologiques et un besoin d’intégration de données spatiales d'une quantité et d'une diversité croissante. En 2025 le monde des SIG s'apprête à élargir ses horizons avec des innovations qui promettent d’améliorer l’efficacité, la précision et l’accessibilité dans l'usage des données géographiques. En ce début d'année, je prends le temps d'un article pour se pencher sur les 10 principales tendances qui façonneront le paysage géospatial en 2025 et au-delà.
Un SIG augmenté par l'Intelligence Artificielle
L'intégration du Machine Learning (y compris le Deep Learning) dans les SIG est une réalité depuis de nombreuses années mais nous entrons dans une nouvelle période pour l'IA dans les SIG où elle deviendra de plus en plus présente notamment avec l'arrivée de nouvelles capacités d'IA Générative. En 2025, que ce soit dans les tâches d'extraction et d'analyse de données (GeoAI) ou pour accompagner l'utilisateur dans l'usage quotidien de ses applications SIG (Assistants IA), l'IA se généralise dans les applications SIG pour plus d'efficacité dans l'usage des outils et pour assurer une meilleure qualité des données exploitée.
Dans ArcGIS, l'arrivée de nouveaux algorithmes de Deep Learning couplés à des moteurs conversationnels vont par exemple permettre une extraction plus interactive de données à partir de cartes et d'imagerie. L'amélioration des outils de Machine Learning (AutoML et AutoDL notamment) vont permettre d'analyser et de prédire plus facilement des modèles géospatiaux, et d'améliorer les capacités de prise de décision. De plus en plus, l'IA facilitera la détection d'anomalies dans vos données pour en améliorer la qualité mais aussi pour combler les données manquantes. L'ajout de nouveaux modèles de Deep Learning pré-entrainés va améliorer de nouveau vos capacités autour des enjeux de classification et d'extraction des données géospatiales à partir de sources d'imagerie. Enfin, l'année 2025 marquera une accélération dans l'ajout des assistants d'IA dans les applications pour pouvoir, via des prompts en langage naturel, interroger les ressources documentaires, générer des applications, écrire des expressions et du code, construire vos cartes, collecter des données, ...
SIG Temps-Réel et IoT
On l'évoque depuis de nombreuses années, grâce à l'Internet des objets (IoT), les nouvelles données ultra-dynamiques que ces capteurs connectés engendrent vont nécessiter des SIG eux-même temps-réel. Cela veut dire des SIG capables de concentrer, intégrer et diffuser la variété des flux de données temps réel disponible dans les organisation et d'exploiter leur dimension géospatiale pour filtrer, analyser et représenter ces "Big Data". De nombreuses études démontrent que le déploiement de la 5G, la baisse des prix et des services associés aux capteurs connectés (comptages véhicules/vélo/piétons, capteurs météo ou environnementaux, compteurs énergétiques, équipements de sécurité,...) feront de 2025 l'année de la multiplication des dispositifs connectés (41 milliards d'après). La conséquence sera la génération d'une grande quantité de données géospatiales en temps réel. Ces données, collectées permettront de mieux superviser et de gérer les infrastructures de votre territoire, les catastrophes naturelles, les risques environnementaux, etc...
Coté ArcGIS, le support continue de nouveaux types de connecteurs (format et protocoles) dans ArcGIS GeoEvent Server et dans ArcGIS Velocity permet depuis longtemps d'intégrer progressivement ces nouvelles sources de données et de les traiter à la volée avec une palette d'opérateurs de filtrage, de correction, de validation et d'enrichissement qui évoluent également régulièrement. Au-delà des améliorations autours des capacités de représentation de ces Big Data, l'arrivée d'ArcGIS Velocity dans ArcGIS Enterprise permettra de proposer la nouvelle technologie temps-réel dans un context "on-premises" et plus uniquement en mode "SaaS".
Cartographie 3D et Réalité Virtuelle (VR)
Notre monde et donc la manière de l'appréhender est en 3D. Les outils de cartographie et d'analyse 3D seront plus transparents et natifs dans les SIG, notamment pour les applications métiers autour de l'urbanisme, l'architecture, la gestion des infrastructures et la gestion des risques. Pour élargir l'utilisation des données 3D de référence gérées par le SIG, ce dernier va offrir de plus en plus de capacités de représentation en réalité virtuelle dans des environnements immersifs. La capacité à collecter, gérer, visualiser et analyser les données géospatiales nativement en 3D devient un standard. Pour tirer profit des nouvelles sources de données d'imagerie en 3D, des capacités de modélisation plus réalistes et plus précises vont se généraliser dans les SIG, permettant une meilleure appropriation de l'information géographique en 3D et facilitant ainsi la prise de décisions pour des projets complexes.
Le système ArcGIS est déjà très avancé en termes de capacités 3D. Cependant, de nombreuses innovations sont prévues en 2025 comme le support généralisé du format 3D Tiles pour maximiser l'interopérabilité avec d'autres systèmes 3D, l'exploitation des données OvertureMaps pour vous fournir un meilleur fond de carte 3D mondial, l'arrivée de nouveaux outils de modélisation 3D de phénomènes atmosphériques, l'ajout de nouveaux outils d'analyse 3D interactifs dans les apps web. Esri poursuit également en 2025 différents travaux autour des capacités d'AR/VR et de l'interaction entre SIG et moteurs de jeux (Unity, Unreal, ...) avec par exemple l'arrivée d'une nouvelle application ArcGIS Urban XR.
Cloud Computing et SIG SaaS
C'est un constat que nous faisons quotidiennement, les solutions SIG basées sur le Cloud (SIG SaaS - Software as a Service) continue de croître et cette tendance va s'accélérer dans les prochaines années. La migration vers des solutions SaaS peut concerner l'ensemble de son SIG ou seulement certaines composantes (stockage, IoT, applications, analyse, ....). L'approche SaaS permet la construction de plateformes géospatiales plus accessibles, évolutives et collaboratives. L'implémentation d'un SIG SaaS permettra aux utilisateurs de traiter et d'analyser des volumes plus importants de données géospatiales sans avoir besoin de gérer des infrastructures coûteuses à maintenir et à sécuriser. Le Cloud permettra aussi une meilleure intégration des SIG avec d'autres technologies liées à l'hébergement et à la diffusion de Big Data, à l'accès à des services d'IA ou des plateformes IoT. Implémenter les capacités des plateformes de Cloud Computing c'est aussi proposer un SIG capable d'être déployé totalement ou partiellement par votre organisation sur la plateforme Cloud (publique ou privée) de son choix pour tirer parti des avantages des architectures modernes telle que Kubernetes par exemple.
En ce qui concerne le système ArcGIS, l'implémentation d'un SIG sur le Cloud est une réalité et chaque mise à jour de la plateforme offre toujours plus de capacités SIG en mode SaaS, en particulier avec ArcGIS Online. En 2025, de nombreuses évolutions permettront aux utilisateurs d'utiliser plus d'outils d'analyse et de modélisation en mode SaaS et aux administrateurs de mettre en place des workflows d'entreprise complexes avec ArcGIS Online similaires à ceux d'une architecture "on-premise" avec ArcGIS Enterprise. L'année 2025 sera également l'occasion pour Esri de finaliser certaines capacités dans l'édition Kubernetes d'ArcGIS Enterprise faciliter la migration vers ce type d'architecture si vous êtes concernés.
Les données d'imagerie (terrestres ou aéroportées) connaissent une croissance exponentielle en raison de l'accélération du déploiement de satellites mais aussi avec la généralisation de la collecte d'images par drone et par véhicules terrestres. Dans le domaine de l'imagerie satellitaire, l'explosion de l'imagerie issue des constellations de petits satellites à orbites basses (LEO), permettra de disposer d'images plus précises, plus fréquentes sur la zone ciblée et plus accessible car moins couteuse. Le lancement de nouvelles constellations comme Japetus en 2025 permettra un taux de revisite exceptionnel, avec des observations toutes les 2 heures en moyenne, voire toutes les 45 minutes. Ces données joueront un rôle clé dans la gestion des ressources naturelles, l'agriculture de précision, la surveillance environnementale et la gestion des catastrophes. L'accès facilité aux images satellites, drones ou terrestres en temps quasi réel changera la manière dont les entreprises et les gouvernements gèrent les crises et les ressources. L'accélération des satellites radar (SAR) va aussi avoir un impact important sur les activités de surveillance continue de la planète (météorologie, avalanches, déforestation, évolution des zones côtières, occupation des sols,...) et nécessitera des capacités spécifiques de prise en charge des capteurs correspondant (lecture, calibration, traitement des signaux,...) dans les SIG pour tirer profit de ces données souvent invisibles par les capteurs optiques.
Dans le système ArcGIS, de nombreuses évolutions sont à venir pour supporter cette explosion des données d'imagerie satellites disponible. Le support du standard STAC va simplifier l'accès depuis ArcGIS aux catalogues d'images des principaux fournisseurs tels que Airbus DS. L'amélioration dans le support et la manipulation de l'imagerie multi-spectrale et des données SAR sera également un point important dans les capacités d'imagerie d'ArcGIS en 2025.
Le SIG en contexte de mobilité
Les applications SIG dédiées aux activités en situation de mobilité continueront de se développer avec l'usage des smartphones et des tablettes pour collecter et analyser des données géospatiales sur le terrain. Dotés de plus en plus d'autonomie et d'intelligence "locale", ces application SIG mobiles permettront de fonctionner dans des contextes totalement ou partiellement déconnecté du portail de services SIG. L'arrivée de l'IA permettra également d'automatiser et d'accélérer la saisie de certaines informations à partir de l'analyse intelligente de photos ou de vidéos collectée sur le terrain. Autre tendance, la multitude de capteurs pouvant être associées aux appareils permettra d'augmenter les mesures réalisées sur le terrain et directement intégrables dans les SIG. Ces outils seront utilisés dans des secteurs très variés, tels que l'agriculture, la logistique, la gestion des infrastructures, les secours d'urgence, et la gestion des services publics, pour des applications et des workflows de collectes de plus en plus métiers et spécifiques à chaque opérateur terrain. Les applications SIG mobiles évolueront donc en 2025 pour être plus facilement configurables et personnalisables.
Disposant de multiples applications mobiles depuis plusieurs années, ArcGIS va poursuivre son évolution vers plus de capacités en mode déconnecté, notamment sur des modèles de données avancés comme les Utility Networks. L'ajout de capacités d'IA Générative va permettre la génération de formulaires de saisie par de simples prompts en langage naturel, d'automatiser leur traduction dans différentes langues. L'ajout de capacités d'IA de type "vision par ordinateur" pour extraire des données automatiquement depuis des photos prises avec l'appareil mobile.
SIG et Développement Durable
Avec l'accent mis sur la transition écologique et la lutte contre le changement climatique, les SIG joue déjà aujourd'hui et joueront demain un rôle toujours plus stratégique dans l'analyse des impacts environnementaux, la gestion des ressources naturelles, et la planification de l’aménagement du territoire. Les SIG seront utilisés non seulement pour suivre les émissions de carbone, les risques liés aux catastrophes naturelles, la gestion des eaux et des forêts, mais aussi pour prédire et planifier le développement de villes plus durables. Pour cela, les SIG seront dotés de nouveaux outils de modélisation dynamique pour simuler les phénomènes tels que les inondations, le bruit, la pollution, le potentiel solaire/éolien, ... En 2025, les SIG vont également s'enrichir de nouveaux outils de planification urbaine intelligente pour pouvoir plus facilement d'estimer les impacts environnementaux, sociaux et économiques de différents options d'aménagement sur un territoire en prenant en compte toute sa complexité.
Dans ArcGIS, plusieurs fonctionnalités clés feront leur apparition dans l'année comme par exemple l'évolution sur le modélisateur d'aptitude d'ArcGIS Pro qui permettra de comparer plusieurs modèles, de comprendre leur différences et choisir le meilleur. Dans un autre domaine, un nouveau "solver" dans Network Analyst va permettre de traiter spécifiquement les problématiques d'optimisation de tournées de ramassage de déchets domestiques.
Depuis quelques années maintenant, exploiter les capacités de collecte, de gestion et d'analyse des SIG aux espaces intérieurs des infrastructures est une tendance qui se confirme et s'accélère. Les SIG joueront désormais un rôle clé dans la cartographie et la géolocalisation en Indoor pour répondre à la demande croissante de gestion intelligente des bâtiments et d'expérience facilitée pour leurs occupants. Les flux de personnes, les réseaux, les équipements mobiles, les véhicules sont autant d'éléments qui nécessite une continuité en l'extérieur et l'intérieur des bâtiments. Ainsi, l'enjeux est à la fois de collecter, gérer et analyser les bâtiments, leurs équipements et leurs occupants mais aussi de disposer d'un SIG unique et homogène pour prendre en charge l'indoor et l'outdoor. Ce besoin est particulièrement évident dans les aéroports, sites industriels, parcs de loisirs, parcs d'exposition, hôpitaux ou campus d'entreprises.
Chez Esri, cette problématique est essentiellement prise en charge par ArcGIS Indoors et ArcGIS IPS (pour la géolocalisation précise à l'intérieur des infrastructures). Ces applications vont évoluer de manière notable en 2025 avec l'arrivée de nombreux outils facilitant l'intégration des données CAD/BIM et des plans d'étages. 2025 verra également l'arrivée d'une nouvelle application mobile plus moderne et plus riche fonctionnellement, prenant notamment en charge les vues immersive à l'intérieur et à l'extérieur des bâtiments. D'autres évolutions concerneront la gestion des espaces et les spécificités de planification liées aux nouveaux modes de travail (bureaux tournants, télétravail, ...). Pour ArcGIS IPS, l'année à venir sera largement orientée sur la prise en charge de nouveaux systèmes de localisation intérieure (IPS) comme le Wifi et à des workflows de déploiement sans phase d'arpentage préalable.
Interopérabilité des données géospatiales
Bien qui ne s'agisse pas toujours d'innovation technologique, les efforts pour standardiser et rendre les données (et les métadonnées) géospatiales interopérables continueront d'être un enjeu majeur pour les outils géospatiaux. L'intégration des SIG avec d'autres types de données (comme celles des systèmes d'information d'entreprise, des entrepôts de données sur le cloud, des données ouvertes) permettra une meilleure analyse croisée des informations et une prise de décision plus complète. En implémentant les nouvelles générations de normes d'interopérabilité issues de l'OGC, de l'ISO, du W3C, ou des standards industriels de l'IOT, de l'architecture et de la construction (CAD/BIM), des moteurs de jeux,… En 2025, les SIG proposeront des applications nouvelles intégrant les données temps-réel, la cartographie immersive ou la planification urbaine par IA générative et, plus que jamais, devront s'interconnecter avec d'autres composants du SI de vos organisations.
Coté ArcGIS, cela va se traduire pas de nombreuses évolutions cette année. Par exemple, avec un support amélioré des formats comme GeoParquet, 3D Tiles ou IFC, uen connexion simplifiée à One Drive ou Google Drive, le support avancé des colonnes spatiales de certains Cloud Data Warehouses, des nouvelles normes OGC API, ... Après l'intégration des bases de données de Graphes ces 2 dernières années, 2025 verra l'intégration des bases de données NoSQL comme source de données standard dans ArcGIS. L'interopérabilité de données "Cloud to Cloud" continuera d'évoluer avec de nouveaux connecteurs, de nouvelles API et le support avancé de certains mécanismes d'authentification dans ArcGIS Data Pipeline.
L'automatisation des processus de cartographie 2D et 3D sera encore plus simple et plus systématique grâce à l'usage de nouvelles sources de données comme les images de drones, les capteurs embarqués pour la collecte de données comme le LiDAR (Light Detection and Ranging). Ces outils permettront de cartographier plus fréquemment et plus précisément des zones à forts enjeux évoluant très rapidement ou encore des zones d'intérêt difficiles d'accès, telles que des zones peu accessibles, des zones à risques ou des environnements urbains complexes. Cette cartographie automatisée reposera notamment sur de nouveaux outils de photogrammétrie numérique pour générer des données très fidèles à la réalité (Orthophoto vraie, MNT/MNS haute-résolution, Objets 3D texturés, Photomaillages 3D....). Pour les SIG, c'est une étape incontournable pour constituer le socle des jumeaux numériques des territoires.
Dans ArcGIS, l'imagerie satellite issue d'acquisition multi-stéréo apportant non seulement de la flexibilité en termes de couverture des zones ciblées mais elle offrira aussi la possibilité de générer des contenus 3D par des processus de photogrammétrie. L'explosion des drones et l'amélioration constante de leur autonomie et de leur résolution vont permettre d'obtenir des produits cartographiques 2D et 3D toujours plus précis grâce au moteur de photogrammétrie "ArcGIS Reality" qui est la fondation d'ArcGIS Drone2Map, Site Scan for ArcGIS, ArcGIS Reality Studio ou encore ArcGIS Reality for Pro. De nombreuses évolution sont à venir en 2025 sur la qualité des produits générés, la performance des traitement et l'intégration de ces applications dans le système ArcGIS, notamment dans ArcGIS Enterprise. Enfin, grâce à des système de prise de vue panoramiques de plus en plus accessible et simple à mettre en oeuvre, l'imagerie orientée acquise depuis le sol va continuer de se généraliser dans ArcGIS en tant que source de données standard à haute valeur ajoutée pour fournir le contexte réel du terrain, réaliser des mesure sans se déplacer sur site, extraire automatiquement des données, ... Par exemple, vous verez arriver très rapidement dans Experience Builder un widget d'imagerie orientée similaire à celui de Map Viewer ou celui d'ArcGIS Pro.
Voilà pour ce rapide tour d'horizon de quelques grandes tendances que j'ai choisies de manière un peu arbitraire, il y en a tant d'autres. Je vous donne rendez-vous tout au long de l'année 2025 pour approfondir tout cela et faire le lien avec vos outils et vos usages quotidiens...
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