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aux technologies Esri

Esri UC 2015: Retours sur la session plénière (1/2)

Aujourd'hui commençait la conférence mondiale 2015 des utilisateurs Esri à San Diego. En provenance de 130 pays, ce sont environ 16000 participants qui étaient présents ce matin pour suivre la session plénière.



Menée de manière toujours aussi magistrale et pédagogique par Jack Dangermond (Fondateur et président d'Esri) cette journée a été l'occasion pour Esri de faire le point sur les avancées récentes de la plateforme ArcGIS. Plus encore que les années précédentes, ces évolutions ont la plupart du temps été démontrées à travers des exemples remarquables d'utilisateurs comme celui de l'aéroport d'Atlanta autour de la gestion en 3D des infrastructures indoor et outdoor et la supervision d'équipes intervenant sur le terrain.

Cette plénière a aussi permis à Esri de présenter les axes de R&D sur lesquels elle travaille à court et moyen termes. Un dynamisme et des capacités d'innovation qui démontrent le potentiel d'évolution de la plateforme ArcGIS dans de nombreux domaines. En tant que lecteurs fidèles d'arcOrama, vous êtes déjà au fait des évolutions récentes de la plateforme, ce sont donc les annonces concernant les évolutions à venir que j'ai résumé sur cette première journée de conférence.
 
  
Tuilage vectoriel

En terme de technologie, Esri a fait une annonce importante ce matin en révélant ses travaux visant à fournir, d'ici début 2016, un mécanisme de tuiles vectorielles pour la plateforme ArcGIS. L'objectif est de fournir des capacités d'affichage de fonds de cartes (mais aussi de données métiers) plus dynamiques et performantes en exploitant les nouvelles possibilités d'affichage vectoriel offertes par les navigateurs web et les écrans des appareils bureautiques et mobiles modernes.

   
La cartographie numérique sur le web a évoluée très rapidement cette dernière décennie. On est passé des serveurs comme ArcIMS produisant exclusivement des images à la volée à des solutions hybrides comme ArcGIS Server combinant des tuiles d'images de fond de cartes précalculées (caches) à des images dynamiques (map services) ou des objets vectoriels (feature services) pour les données opérationnelles. Aujourd'hui, grâce à l'évolution des appareils bureautiques et mobiles, de nouvelles capacités permettent le téléchargement et l'affichage de données vectorielles plus volumineuses et une nouvelle étape peut être franchie dans la manière d'afficher une cartographie en 2D ou 3D dans un navigateur web ou dans une application native sur un poste bureautique, une tablette ou smartphone.

Aujourd'hui, le tuilage vectoriel (vector tiling) est une nouvelle méthode de représentation de données sur le poste client permettant la personnalisation à la volée (et potentiellement pour chaque utilisateur) de leur cartographie interactive sans nécessité un calcul préalable de cache. Cette nouvelle approche fait également tomber les barrières entre les couches constituant le fond de carte et les couches de données opérationnelles. On notera également les gains apportés en terme d'expérience utilisateur puisque le tuilage vectoriel permet d'afficher la carte dans une résolution optimale à n'importe quelle échelle (et non plus à des échelles prédéfinies comme avec les tuilages d'images). Le tuilage vectoriel permet également d'implémenter facilement des comportements comme la rotation de la carte en conservant les toponymes à l'horizontal ou encore gérer la priorité de certains éléments du fond de carte par rapport à d'autres données opérationnelles de la carte.

Voir ici un premier exemple d'un fond de carte ArcGIS Online en tuilage vectoriel:
  

Voir ici un second exemple de styling à la volée de tuilage vectoriel:
  
   
ArcGIS est une plateforme souple et ouverte implémentant déjà de nombreuses spécifications comme GeoJSON, KML, GeoRSS, DCAT, Shapefiles, OGC WMS/WCS/WFS et bien d'autres standards encore. Plusieurs plateformes de cartographie pionnières dans le domaine de l'Open Data (OpenStreetMap, Mapnik, ...) et plus récemment Mapbox ont développé des spécifications ouvertes pour le tuilage vectoriel et sont devenues des standards supportés par une large communauté. Ainsi, plutôt que d'inventer une nouvelle spécification d'interface, Esri a décidé d'adopté et de contribuer à l'amélioration de cette spécification de tuilage vectoriel. Ceci veut dire que les 350 000 organisations utilisant aujourd'hui la plateforme ArcGIS vont pouvoir publier des tuilages vectoriels pour être consommés dans des plateformes tiers et à l'inverse consommer des tuilages vectoriels publiés depuis des serveurs tiers. 
  
Il s'agissait aujourd'hui d'une première présentation des capacités que le tuilage vectoriel va offrir. Concrètement, Esri va proposer cette technologie en différentes phases. Tout d'abord, un fond de carte mondial en tuilage vectoriel sera proposé en tant que service sur la plateforme ArcGIS Online. Il sera accessible dans un premier temps aux développeurs utilisant l'API ArcGIS for JavaScript 4.0 beta. La version beta de l'API ArcGIS for JavaScript qui disposera de ces capacités sera disponible en aout prochain. Ensuite ces capacités arriveront dans les différents SDK ArcGIS Runtime (en beta à l'automne). La version 1.2 d'ArcGIS Pro (prévue pour début 2016) permettra de consommer des tuilages vectoriels, de concevoir des tuilages vectoriels à partir de vos propres données et de les publier en tant que services sur ArcGIS for Server ou sur ArcGIS Online.

Nous aurons l'occasion de revenir sur ce sujet dans arcOrama et lors de la conférence SIG 2015 à Versailles en octobre prochain.
  
  
Extension GeoAnalytics

Esri travaille une nouvelle extension "GeoAnalytics" pour ArcGIS for Server qui fournira un ensemble de fonctionnalités "Big Data" à la plateforme ArcGIS. Intégrant des frameworks de calcul et de stockage distribués, cette extension offrira des capacités de croisement, d'analyse et de visualisation sur de très gros volumes de données. Ces capacités de Big-Data géographique vont, par exemple, permettre le traitement de flux de données temps réel comme des positions de véhicules, des données issues de capteurs, d'informations spatialisées collectées par des appareils mobiles ou encore des événements géolocalisés issus de réseaux sociaux. Les capacités de GeoAnalytics vont également permettre le traitement en batch de très gros volumes de données spatio-temporelles ou des traitements raster sur des collections de plusieurs milliers d'images.


Dans les 6 à 18 mois, Esri va introduire progressivement ces nouvelles capacités dans la plateforme ArcGIS pour leur donner accès à cette nouvelle approche et leur permettre de la dimensionner en fonction de leur besoin. Ceci commencera avec la version 10.4 d'ArcGIS for Server mais on retrouvera également, à terme, ces capacités dans des architectures Online ou Hybride. Les fonctionnalités de GeoEvent et de GeoAnalytics vont permettre de supporter au cœur de la plateforme l'ingestion de données temps-réel très volumineuses, ainsi que leur stockage et leur analyse à la volée ou en batch. La combinaison des fonctionnalités actuelles en termes de traitement d'imagerie avec les fonctionnalités de GeoAnalytics va permettre la distribution, l'analyse à la volée, l'analyse en batch de volumineuses collections d'imagerie comme celles collectées par les drones, les capteurs aériens (Lidar par exemple) ou les capteurs satellitaires.

Démonstration de Mansour Raad (spécialiste BigData chez Esri)
montrant un croisement entre 12 milliards de polygones et 300 milliards de polygones réalisé en 10 minutes

Esri fait actuellement évoluer l'extension GeoEvent pour supporter l'ingestion de très gros volumes de données pouvant atteindre des centaines de milliers d'événements par seconde dans une infrastructure similaire à celle des fonctionnalités de GeoAnalytics. Pour cela, Esri est en train de mettre au point un mécanisme de stockage de Big-Data spatio-temporelles pour ArcGIS for Server basé sur des technologies de stockage distribué offrant des capacités de scalabilité très importantes. 

Enfin, Esri poursuit différents travaux autour de différentes initiatives comme le Smart Mapping de Big-Data avec des fonctions natives d'agrégation et de regroupement en cellule à la volée.
  
  
La généralisation de la 3D dans la plateforme

Le second axe important de R&D chez Esri concerne l'ajout de capacités de génération, de gestion, de mise à jour, d'analyse, d'affichage et de partage de données 3D à travers l'ensemble de la plateforme. Avec la version 10.3.1 d'ArcGIS for Server et la version 1.1 d'ArcGIS Pro, vous pouvez désormais publier des scènes web sur ArcGIS Online ou sur ArcGIS Server. Avec la version 1.2 d'ArcGIS Pro vous pourrez tirer profit des capacités 3D des sources de données KML et publier des couches de scènes 3D à partir de points, lignes, polygones et de MNT et plus uniquement à partir de multipatch comme c'est le cas avec la version actuelle d'ArcGIS Pro. Dans les 12 prochains mois, l'API JavaScript et les SDKs ArcGIS Runtime vont intégrer ces capacités 3D pour permettre le développement d'applications 3D dans un navigateur ou en natif. 

L'API ArcGIS for JavaScript 4.0, qui intègre ces capacités 3D, est d'ailleurs disponible en version beta depuis quelques jours. J'en reparlerai dans les prochains jours.
  
   
Le SDK ArcGIS Runtime for .Net 10.2.6, qui intègre ces capacités 3D, est quant à lui disponible en version finale depuis quelques jours (voir cet article pour plus de détails). Une magnifique démonstration d'une application de routing indoor en 3D développée avec ce SDK ArcGIS Runtime .Net a d'ailleurs été présentée lors de la plénière ce matin.
  
   
D'ici la fin de l'année, Esri va proposer une nouvelle application bureautique (Windows) dénommée ArcGIS Earth. Très facile à utiliser, elle sera centrée à la fois sur l'utilisation des services et données de la plateforme ArcGIS mais également sur les fichiers et flux KML.
  
Affichage de fichiers KML dans ArcGIS Earth
Affichage d'un service de scène ArcGIS dans ArcGIS Earth 
Affichage d'un service web ArcGIS Online dans ArcGIS Earth

Enfin, l'affichage de tuiles vectorielles évoqué précédemment sera introduit en 2D mais il sera par la suite supporté également en 3D à la fois en web et en natif dans les applications mobiles. 



A demain pour la deuxième partie de cette synthèse sur la plénière de la UC Esri 2015.

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