Gaussian Splats : Une nouvelle technologie de rendu 3D pour votre SIG
Dans le domaine de la 3D, de la réalité augmentée (AR), de la réalité
virtuelle (VR) et des Jumeaux Numériques, on observe l’émergence d’une
technologie de rendu 3D qui commence à faire beaucoup parler d’elle dans
notre domaine du Geospatial: le Gaussian Splatting.
Cette approche, plus récente que les modèles classiques de photomaillages
3D (3D Textured Meshes) ou de champs de radiance implicites (NeRF), ouvre de
nouveaux horizons en matière de rendu photoréaliste et de capture de la
réalité qui nous entoure.
Gaussian Splats dans ArcGIS Pro
Cet article a pour objectif de vous donner un panorama complet sur ce
qu'est le Gaussian Splatting : comment ça marche ? pourquoi c’est
important ? quels usages peut-on en faire ? et enfin, les défis qui
restent à relever.
Le Gaussian Splatting
Le Gaussian Splatting (ou Gaussian Splats) est une technique de rendu
quasi-volumétrique. Au lieu de modéliser une scène 3D uniquement par des
mailles 3D triangulaires, on la modélise comme une collection d'éclaboussures (splats) de formes ellipsoidales (gaussians),
c'est à dire un assemblage des petits nuages flous dont la distribution gaussienne décrit comment la couleur et la densité se diffusent à partir du
centre du splat. Au centre, la valeur est forte (opaque, colorée), puis elle diminue
progressivement en s’éloignant, selon une courbe en cloche de
type gaussiennes. Ces petits nuages sont positionnés dans l’espace 3D, chacun avec des
paramètres de position, orientation, taille, couleur, transparence, etc...
pour ne former au final qu'une seule image 3D ressemblant au monde
réel.
Cette technique de visualisation permet notamment de modéliser des scènes avec des matériaux complexes (transparences,
reflets) mais aussi avec un niveau de détail impressionnant
(structures fines, feuillages, antennes, tuyau, etc.,.).
Chez Esri, le concept des Gaussian Splats se matérialise sous la forme d’un type de couche 3D spécifique que l'on
appelle tout simplement une couche de Gaussian Splats. Elle est stockée au
format 3D Tiles (fichiers .3tz) spécifique et peut être utilisée de la même
façon que les autres données dans ArcGIS. Pour l'instant, cette donnée est en
lecture seule, c'est à dire qu'aucune modification ne peut lui être apportée
après sa création. Dans les versions suivantes, Esri travaille à étendre les
fonctionnalités pour offrir une intégration complète des Gaussian Splats dans
ArcGIS, y compris des capacités d'analyse ou de modification.
Quelle différence avec les autres structures de données 3D ?
Avant de faire un point sur les avantages et les inconvénients des Gaussians
Splats, regardons un peu comment le réalisme 3D est arrivé progressivement dans les SIG.
Avec les évolutions technologiques liées aux capacités de rendus des cartes
graphiques, le réalisme des données 3D dans le SIG n'a fait qu'augmenter ces
dernières années.
En effet, avec l'arrivée des techniques de photogrammétrie avancée dans les
années 2010, la visualisation 3D à l'aide de photomaillage 3D à permis de
construire des jumeaux numériques en 3D d'une grande précision. Constitué de sommets, arêtes et faces, les photomaillages 3D permettent une représentation claire et précise des formes et
volumes, ce qui les rends idéal pour les objets ayant des contours nets (bâtiments, machines,
mobilier, etc.).
Exemple de photomaillage 3D (Mesh 3D) réalisé avec ArcGIS Drone2Map à partir d'images de drone
En 2020, c'est l'arrivée du format NeRF. Les NeRF, ou Neural Radiance Fields, marquent une nouvelle étape dans la modélisation 3D. Basé sur
l’intelligence artificielle pour reconstruire une scène en trois dimensions à partir de photos, le réseau neuronal apprend comment la lumière interagit avec la matière et
peut ensuite reproduire la scène sous n’importe quel point de vue. Les NeRF s’appuient sur le rendu volumétrique, une méthode qui simule directement la circulation de la lumière dans l’espace. Le résultat permet des rendus d’un réalisme saisissant, capables de reproduire des nuances subtiles d’éclairage, de transparence
et de texture.
Le NeRF est la voie de l’IA pour le réalisme absolu, mais difficile à exploiter en production sur de vastes zones comme
c'est le cas dans les SIG. Esri se focalise donc à ce moment là sur
l'amélioration des rendus de photogrammétrie dense afin de capter des
détails de plus en plus fins à l'aide de la reconstruction
photogrammétrique.
C'est en 2025 que l'arrivée des Gaussians Splats dans le SIG crée une
nouvelle révolution. Le rendu par Gaussian Splatting représente un compromis intéressant entre le rendu photoréaliste et la rapidité de
création. Le tableau ci-dessous synthétise les avantages et les
inconvénients de ces 3 méthodes de rendu 3D.
Dans la vidéo ci-dessous, vous pouvez voir une couche de photomaillage 3D (3D
Mesh) et une couche de Gaussian Splats, toutes les deux générées avec
Drone2Map à partir de la même collection de photos de drone (mon drone perso
DJI Mini 5 Pro).
Les couches Gaussian Splats dans ArcGIS
L'arrivée de cette nouvelle technique de représentation est disponible dans
les outils de la gamme ArcGIS Reality depuis la mise à jour d'automne
2025.
Les utilisateurs ayant accès à ArcGIS Pro 3.6 et versions ultérieures peuvent
visualiser les couches Gaussian Splats directement dans ArcGIS Pro.
Malgré les promesses, il reste encore un certain nombre de défis pour
cette technologie de rendu 3D :
- Consommation mémoire / données : bien que plus efficient que certains formats, les scènes complexes peuvent représenter de gros volumes de données.
- Alignement / qualité de capture : la qualité dépend fortement des images de départ, des poses de caméra, de l’éclairage, etc. Un mauvais alignement génère des “artefacts”.
- Artefacts visuels : parfois des “splats” mal ajustés provoquent des effets de scintillement, des zones floues ou “flottantes”.
- Optimisation en temps réel + contraintes matérielles : pour avoir un rendu fluide sur des appareils modestes (smartphones, tablettes), il faut optimiser, simplifier ou adapter le modèle.
- Normes & compatibilité : étant encore en plein essor, les formats, outils, meilleurs pratiques sont en évolution.
- Sensibilité à l’éclairage / matériaux : bien qu'elle soit meilleure que d'autres techniques, certaines zones (reflets complexes, transparence) restent difficiles à représenter.
- Traitement “post-capture” : il peut être nécessaire de nettoyer les données (suppression de Splats isolés ou non-cohérents, retouches).
En conclusion
Vous l'avez compris, à mesure que les technologies immersives évoluent, de
nouvelles approches redéfinissent les standards pour des rendus 3D toujours
plus réalistes. Pour résumer, on peut retenir les points suivants :
- Le rendu par Mesh 3D reste la référence pour la modélisation structurée et mesurable.
- Le rendu par NeRF est la voie de l’IA pour le réalisme absolu, mais encore difficile à exploiter en production.
- Le rendu par Gaussian Splatting constitue un compromis puissant : il marie la capture photoréaliste et le rendu rapide, ouvrant la voie à des applications immersives dans les SIG, le BIM et les Jumeaux Numériques.
Si les aspects pratiques de la génération de couches de Gaussian Splats dans
ArcGIS vous intéressent, nous reviendrons dans un prochain article sur les
prérequis et les recommandations techniques pour créer ce nouveau type de couche
3D avec les solutions de Reality Mapping ArcGIS.
0 comments :
Enregistrer un commentaire