Le blog francophone consacré
aux technologies Esri

User Conference 2022 - Ma synthèse des annonces technos autour ArcGIS


La semaine dernière avait lieu la conférence mondiale des utilisateurs Esri à San Diego. Si je devais résumer le sentiment général à propos de cette 42ème édition en une phrase, ce serait probablement : "Quel immense bonheur de se retrouver, tous ensemble, et de partager à nouveau cette passion commune pour la Géo". 


C'est en effet l'enthousiasme, teinté d'un peu de résilience, que les cartographes, les géomaticiens, les développeurs, les data scientists ou encore les architectes/devops ont fait le déplacement en Californie pour apprendre de leurs pairs, échanger avec les équipes Esri et anticiper les évolutions des technologies géospatiales de demain.


Avec plus de 14996 participants en présentiel (venus de 142 pays) et plus de 16596 participants en digital, c'est au total un nombre record d'utilisateurs ArcGIS qui ont suivi la UC cette année. En qui concerne la délégation française, elle était d'une quarantaine de personnes, majoritairement composée d'utilisateurs.

La délégation française présente à la UC Esri 2022

Chaque année, la conférence des utilisateurs Esri est le moment privilégié pour présenter aux utilisateurs du système ArcGIS les innovations récentes et futures des composants et applications de la plateforme. Je vous propose donc une petite synthèse tout à fait personnelle (et donc subjective) des annonces faites cette semaine autour des solutions et des technologies Esri.


ArcGIS Pro

L'actualité d'ArcGIS Pro a clairement été liée à la version 3.0 qui est désormais disponible en anglais et le sera en français le 12 août prochain. De nombreux ateliers techniques sont revenus sur les évolutions de cette version 3.0 comme le changement de SDK .Net, le nouveau format plus performant de stockage des projets et des documents, le nouveau gestionnaire d'environnements et de paquetages Python, les évolutions d'ergonomie de la page d'accueil, de nouveaux outils de géotraitement hydro, les cartes dans les rapports et bien d'autres encore (voir cet article arcOrama).

Nouveaux outils SAR pour le traitement de données radar dans ArcGIS Pro 3.0

En ce qui concerne la road map d'ArcGIS Pro, elle est toujours très ambitieuse. L'évolution du format de stockage des projets et des documents associés va permettre, à court terme, d'enregistrer directement son projet sur un portail ArcGIS (Enterprise dans un premier temps) et ainsi de le partager entre différents utilisateurs. Très puissant en termes de workflows, c'est un vieux rêve des utilisateurs d'ArcGIS Desktop qui va se réaliser. D'autres évolutions comme l'arrivée d'outils de création rapide de formes de toit en 3D, de nouvelles options pour l'ingestion de données scientifiques vers du NetCDF, ou encore la prise en charge améliorée de la dimension temporelle dans les couches de scène ont été également présentés. Pour en citer une autre, on pourra évoquer la très puissante notion de "Catalog Layers" qui permettra de gérer, dans une seule et même couche, un ensemble de sources de données hétérogènes (raster, vecteur ou Lidar) en 2D/3D. Très pratique, c'est une version plus générique et plus souple des jeux de données Lidar ou des mosaïques de rasters. Enfin, les gestionnaires de données découvriront bientôt un nouvel outil de géotraitement pour générer des rapports de schéma de Géodatabase (similaire à l'Add-In X-Ray pour ArcCatalog). Ces rapports pourront être exportés en XML, Excel ou PDF.

Les options de valeurs prédéfinies pour l'export de cartes dans ArcGIS Pro 3.0

A plus long terme, on signalera l'arrivée d'une nouvelle extension "Reality Mapping" pour le traitement photogrammétrique de vastes chantiers de prises de vue aériennes et au sol pour générer des produits cartographiques 2D/3D haute-résolution. Il s'agit de l'intégration au cœur d'ArcGIS Pro de la solution Sure for ArcGIS. Enfin, on pourra aussi évoquer l'arrivée de nouvelles options de rendu sur les couches permettant d'animer les symboles ponctuelles ou linéaires pour des carets plus dynamiques. Ce dernier projet est étroitement lié à l'évolution de l'API JavaScript (via le format CIM) pour pouvoir bénéficier de ces effets de rendus en desktop et en web.


J'en profite pour signaler qu'Esri met en ligne, à chaque version de d'ArcGIS Pro, une version actualisée (et soumise potentiellement à des changements) de la road map de l'application.
 

ArcGIS Enterprise

La version 11.0 d'ArcGIS Enterprise sera disponible dans quelques jours. La conférence aura été l'opportunité pour Esri de détailler ses évolutions avec beaucoup de nouveautés. J'ai déjà eu l'occasion de le préciser sur ce blog, ce changement de version marque une version majeure en particulier avec le retrait du moteur de publication de service ArcMap/ArcObjects et le passage (pour l'édition Windows) au framework .Net 6.0 pour suivre le cycle de support de Microsoft et permettre les développements futurs d'ArcGIS Enterprise. Parmi les évolutions fonctionnelles, beaucoup d'innovations héritées des évolutions du portail, des apps et générateur d'apps d'ArcGIS Online. Par exemple, on pourra citer les principaux points suivants :

  • nouvelles capacités pour les webhooks (insert, update, delete sur les services d'entités, par exemple)
  • support des couches GeoJSON et OGC Feature dans Map Viewer
  • ajout de nouveaux rendus comme le rendu par flux ou le rendu par diagrammes dans Map Viewer
  • prise en charge des StoryMaps dans les mécanismes de collaboration distribuée
  • retrait d'ArcGIS Dashboards Classic
  • retrait des anciens modèles d'apps configurables et d'anciens modèles de StoryMaps
  • ajout de nouveaux modèles pour les "ArcGIS Instant Apps"
  • nouvelles options pour automatiser de la génération des rapports administratifs
  • ajout de privilèges pour le transfert de contenus entre utilisateurs
  • nouvel outil "custom data feeds" pour implémenter des services d'entités (read-only) à partir de source de données spécifiques
  • ...

Plusieurs ateliers ont également présenté la nouvelle application "Deep Learning Studio" qui va permettre, à travers une interface web, de gérer toutes les phases d'un processus traitement d'images par Deep Learning (création des échantillons d'apprentissage et gestion des équipes collaborant sur la labellisation, apprentissage du modèle, validation et inférence du modèle). Intégrée en standard et implémentant les capacités de Deep Learning d'ArcGIS Image Server, cette nouvelle interface va largement simplifier vos workflows d'IA avec ArcGIS Enterprise sans nécessiter la moindre connaissance de Python.


Interface de gestion des chantiers de labélisation dans Deep Learning Studio



En ce qui concerne l'édition Kubernetes d'ArcGIS Enterprise, on signalera principalement des évolutions relatives à la gestion et la maintenance de plateformes Kubernetes non-connectées à internet ainsi que la prise en charge de mécanismes d'auto-scaling. De nouveaux connecteurs permettent le support de bases de données supplémentaires (Oracle et SAP HANA).

A partir de la version 11.0, la numérotation des versions d'ArcGIS Enterprise évolue. Désormais, les versions seront composées uniquement de deux chiffres 11.1, 11.2, 11.3, ... Les versions ayant un second chiffre pair seront des versions STS (Short Term Support), les versions ayant un second chiffre impair seront des versions LTS (Long Term Support).

ArcGIS Knowledge, le dernier rôle serveur ajouté à ArcGIS Enterprise en version 10.9.1 pour gérer et analyser des bases de données de graphes, continue d'évoluer. La principale évolution annoncée en version 11.0 est le support des bases de données Neo4J existantes référencées dans ArcGIS Enterprise et ainsi exploitable dans toutes les applications clientes dont ArcGIS Pro.

A court terme (version 11.1), un nouveau rôle serveur viendra compléter les capacités potentielles d'ArcGIS Enterprise en termes de diffusion et de traitement de flux vidéo géoréférencés (typiquement FMV). Un des clients privilégiés de ces nouvelles capacités sera l'application web ArcGIS Excalibur.

Consommation et analyse dans ArcGIS Pro de flux FMV diffusés par ArcGIS Video Server


ArcGIS Online

La mise à jour de juin est déjà en ligne depuis quelques semaines maintenant. Elle fut évoquée lors de la plénière à travers plusieurs cas clients mettant en avant des évolutions comme le rendu par diagramme en secteur, les rendus par cartes de chaleur plus performants, la connexion directe entre une scène 3D et ArcGIS 360VR ou encore les effets de météo dans les scènes 3D. Elle fut ensuite largement détaillée lors des différents ateliers techniques de la semaine consacrés à l'administration du portail, la gestion des contenus et les fonctionnalités des différentes apps. 

Plusieurs cas d'usage très intéressants de clients ont démontré les nouvelles capacités de traitement d'image et d'IA, en mode SaaS, apportées par ArcGIS Image for ArcGIS Online (voir cet article arcOrama).

En ce qui concerne les évolutions futures ce ne sont pas les projets qui manquent aussi bien autour des capacités des applications web portées par l'API JavaScript que pour les capacités d'administration, de gestion et d'analyse des contenus en ligne. On signalera tout d'abord une évolution dans le rythme des versions qui va passer désormais à 3 mises à jour par an (février, juin et octobre) au lieu de 4 actuellement.

D'un point de vue fonctionnel, beaucoup de choses arrivent dans 6-9 mois à venir. Tout d'abord l'arrivée en octobre d'un environnement très complet d'outils d'analyse dans Map Viewer. Il sera complété par la suite par une interface web similaire au Model Builder d'ArcGIS Pro pour construire des chaînes de traitement complexe. Esri va finaliser l'intégration des métadonnées dans ArcGIS Online en simplifiant leur accès et leur mise à jour dans l'éditeur, en permettant la gestion de métadonnées essentielles ou complètes, en implémentant la recherche dans ces métadonnées et en uniformisant l'expérience entre Online, Enterprise et Pro. 

En ce qui concerne la gestion de ses contenus sur le portail, des évolutions intéressantes vont arriver prochainement comme la restauration d'éléments supprimés (pendant 30 jours) à partir d'une corbeille (y compris des couches d'entités avec pièces-jointes). Il sera bientôt possible de visualiser les relations (dépendances) entre des éléments, par exemple entre une carte web, les différentes couches qui la composent et une application web qui consomme cette carte. 

Autre évolution à court terme, des améliorations sur l'expérience liée à la mise à jour de données avec le support du undo/redo, des accrochages basés sur des règles métiers ou encore la mise à jour directe des enregistrements liés. Esri prépare également une nouvelle application "Web Editor" dédiée à la mise de données.

Pour ArcGIS Instant Apps, les développements se poursuivent avec notamment une série de nouvelles apps configurables en préparation : Atlas, Inset, Compare, Reporter et Manager. Pour ArcGIS Insights, on notera notamment l'ajout d'outils de Data Engineering qui permettront d'avoir une chaîne véritablement complète, sur le web, de préparation, d'exploration, d'analyse et de restitution de données multisources de l'organisation. Pour ArcGIS Dashboards, plusieurs évolutions notables sont à attendre sur la performance des données volumineuses (notamment sur les workflows de filtrage et sur les représentations temporelles), le support d'un mode "desktop" et "mobile" pour un même tableau de bord, et à plus long terme la prise en charge de scènes web 3D et l'ajout d'une notion de "modèles" de tableau de bord.

Concernant les capacités de rendu cartographique de Map Viewer, c'est une série d'innovations puissantes qui arrivent dans les prochains mois avec de nouvelles options d'animation de symboles sur les points et les lignes qui vont dynamiser vos cartes. On signalera également le support prochain des couches média (images ou vidéos géoréférencées et appliquées sur la carte), l'agrégation de point coté serveur ou coté client, ou encore Des améliorations sur le clustering vont permettre l'application de diagrammes qui seront construits à la volée sur les agrégats.

Enfin, je termine par quelques mots sur Arcade. Le language d'expression d'Esri s'est généralisé dans le système ArcGIS et il est temps pour Esri de proposer un nouvel éditeur d'expression plus ergonomique et productif pour l'utilisateur avec de l'IntelliSense, de l'aide plus contextuelle, plus d'option de débogage et la possibilité d'enregistrer ses scripts en tant qu'élément dans ses contenus pour les utiliser dans différents contextes et les partager avec d'autres utilisateurs. On notera également de nouvelles capacités concernant le support de la dimension temporelle des données et la possibilité d'envoyer des requêtes sur les bases de données depuis Arcade.


API JavaScript

L'API JavaScript guide de nombreuses évolutions du système SIG d'Esri puisqu'elle est à la base de toutes les applications web ArcGIS. Il est donc toujours intéressant de découvrir les principaux projets de R&D engagés par cette équipe remarquable. J'ai noté plusieurs projets innovants évoqués lors de la UC, certains à court terme (4.25 en fin d'année) et d'autres à plus longs termes :

  • un nouveau composant pour exploiter le nouvel éditeur Arcade (évoqué précédemment)
  • gestion des points de contrôle pour proposer le géoréférencement interactif des MediaLayer
  • support des undo/redo sur les opérations de mise à jour
  • implémentation de règles métiers sur l'accrochage aux objets lors de la création/mise à jour des géométries
  • nouveau rendu par diagrammes en barre empilés
  • amélioration des performances sur les symboles 2D animés
  • nouvelles options d'animation de symboles sur les points et les lignes


  • création de couche d'imagerie tuilée (ImageryTiledLayer) à partir de GeoTiff en ligne
  • accès dynamique aux variables et aux surfaces des couches de voxels
  • mise à jour des objets 3D dans des couches de scène
  • support des dimensions et des annotations (y compris en mise à jour)
  • support de la topologie planaire et de la modification de limites partagées
  • ....

ArcGIS GeoAnalytics Engine

Sortie juste avant la conférence, cette nouvelle solution permettant l'analyse spatiale de big data dans les clusters Spark de votre organisation a été largement démontrée durant la semaine, notamment lors de la plénière. Pour la première fois, une solution autonome permet d'intégrer la dimension géographique dans les workflows de data science de l'organisation à l'aide d'une librairie Python de plus de 120 fonctions d'analyse spatiale et potentiellement tout le potentiel de data visualization cartographique des apps ArcGIS.


Contenus du Living Atlas

Coté contenus, plusieurs évolutions marquantes sont à noter :

Le 12 juillet dernier, Esri a annoncé une nouvelle étape dans son partenariat avec Foursquare avec l'intégration de plus de 100 millions de POIs (entreprises, commerces de détail, épiceries, restaurants, lieux de culte, écoles, hôpitaux, parcs et attractions touristiques, ...) et de données associées. Les données de Foursquare proviennent de plus de 14 milliards d'interactions de consommateurs avec de nombreuses sources tierces, qui varient selon le pays ou la région. Les points d'intérêt sont désormais disponibles pour chaque pays disposant de données démographiques, soit plus de 150 pays et peuvent être exploité dans des applications comme ArcGIS Business Analyst. Plus d'indo dans cet article (en anglais).

Autres annonces intéressantes, Esri propose (en beta pour l'instant) un nouveau fond de carte nommé "Outdoor Map" qui se focalise sur les paysages et espaces naturels. A la différence des fonds de cartes Esri habituels (Topographic, Dark gray, Light gray, ...) cette dernière intègre pour la première fois des couches vectorielles pour l'ombrage du relief et pour les courbes de niveau qui apparaissent en fonction des échelles d'affichage. A découvrir ici.


Pour les utilisateurs du fond de carte "Topographique", ces deux couches vectorielles étant désormais disponibles, Esri propose également une version alternative du fond de carte "Topographique" intégrant ces deux couches. A découvrir ici.


Esri annonce également l'amélioration de la résolution de son fond de carte "World Imagery" avec l'ajout de larges couvertures en imagerie Maxar 60 cm notamment sur l'Asie, l'Afrique de l'ouest et l'Algérie.

Concernant le fond OSM, il sera bientôt possible de l'afficher avec une localisation des toponymes dans 40 langues différentes.

Enfin, Esri annonce la préparation d'un fond de carte 3D qui sera accessible dans toutes les scènes 3D ArcGIS pour les applications web, mobile et desktop. Ce dernier intégrera notamment des couches 3D comme les bâtiments et les arbres OSM mais également des toponymes spécifiquement adaptés au contexte 3D.


Conclusion

Dans cette synthèse je n'ai pas abordé tous les composants et toutes les applications de la plateforme ArcGIS comme, par exemple : les apps mobiles, ArcGIS Indoors, ArcGIS IPS, ArcGIS Urban, ArcGIS Mission ou encore les générateurs d'applications. Ils étaient bien présents lors de la UC et j'ai également collecté de nombreuses informations de road map. J'aurai l'occasion de vous livrer sur ce blog lorsque leur actualité me le permettra.

En attendant, je vous recommande de voir les différentes présentations et démonstrations de la session plénière de la UC 2022 que vous retrouverez ici.

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